Pasteurs et Troupeaux
Pasteurs et Troupeaux
A Madame Louise C.
Original Text
Representative French Poetry, ed. Victor E. Graham, 2nd edn. (Toronto: University of Toronto Press, 1965): 62-64. From Les Contemplations V, xxiii
2Serein, abandonné, seul sous-le firmament,
3Plein de ronces en fleurs; c'est un sourire triste.
4Il vous fait oublier que quelque chose existe,
5Et, sans le bruit des champs remplis de travailleurs,
6On ne saurait plus là si quelqu'un vit ailleurs.
7Là, l'ombre fait l'amour; l'idylle naturelle
9Et la fauvette y met de travers son bonnet;
10C'est tantôt l'aubépine et tantôt le genêt;
11De noirs granits bourrus, puis des mousses riantes;
12Car Dieu fait un poëme avec des variantes;
13Comme le vieil Homère, il rabâche parfois,
14Mais c'est avec les fleurs, les monts, l'onde et les bois!
15Une petite mare est là, ridant sa face,
16Prenant des airs de flot pour la fourmi qui passe,
17Ironie étalée au milieu du gazon,
18Qu'ignore l'océan grondant à l'horizon.
19J'y rencontre parfois sur la roche hideuse
20Un doux être; quinze ans, yeux bleus, pieds nus, gardeuse
21De chèvres, habitant, au fond d'un ravin noir,
23Ses sœurs sont au logis et filent leur quenouille;
24Elle essuie aux roseaux ses pieds que l'étang mouille;
25Chèvres, brebis, béliers, paissent; quand, sombre esprit,
26J'apparais, le pauvre ange a peur, et me sourit;
27Et moi, je la salue, elle étant l'innocence.
28Ses agneaux, dans le pré plein de fleurs qui l'encense,
30Laisse aux buissons, à qui la bise le reprend,
31Un peu de sa toison, comme un flocon d'écume.
32Je passe; enfant, troupeau, s'effacent dans la brume;
33Le crépuscule étend sur les longs sillons gris
34Ses ailes de fantôme et de chauve-souris;
36Chanter derrière moi la douce chevrière;
37Et, là-bas, devant moi, Je vieux gardien pensif
38De l'écume, du flot, de l'algue, du récif,
39Et des vagues sans trêve et sans fin remuées,
40Le pâtre promontoire au chapeau de nuées,
41S'accoude et rêve au bruit de tous les infinis,
42Et dans l'ascension des nuages bénis,
43Regarde se lever la lune triomphale,
44Pendant que l'ombre tremble, et que l'âpre rafale
45Disperse à tous les vents avec son souffle amer
Notes
1] This poem was most likely composed at Grouville on the island of Jersey in April 1855. The Louise C. to whom it is dedicated is Louise Colet, the writer, who is best known because of her friendship with Flaubert. Back to Line
8] verdier: greenfinch. Back to Line
22] An obscure reference: Is it the stars which are seen from the inside through the poor thatch roof, or the cottage itself which shows light through windows or chinks in the wall to a passerby? Or is Hugo thinking of the cottage "lighted up" at night by the presence of the shepherdess? Back to Line
29] s'empourprant refers to the setting sun. Back to Line
35] la plaine ouvrière: the fertile or inhabited plain. Back to Line
46] a pun, since moutons means both sheep and white-caps. Back to Line
RPO poem Editors
Victor E. Graham
Digital editor: Ian Lancashire
Data entry: Sharine Leung
RPO Edition
2012
Form
Special Copyright
Second edition copyright © 1965 University of Toronto Press. Reprinted with permission of the publisher, from which written permission must be obtained for any other edition or other means of reproduction.